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Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse tourneront à la gloire du chasseur - Le mensonge se lève très tôt mais la vérité finit par le rattraper - Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

dimanche 20 février 2011

Décidément, Sarkozy n'est pas suffisamment entré dans l'histoire

Lu dans San Finna, hebdomadaire burkinabè n°604 du 21 au 27 Février 2011 :

"DE TUNIS A MEXICO
LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN CHUTE LIBRE


Par quelque bout qu’on prenne la diplomatie française depuis l’avènement de Nicolas Sarkozy au pouvoir, elle n’apparaît pas en tout cas comme le domaine qui inscrira le président français au Panthéon des grands hommes d’Etat français. Il a eu pourtant sur ce plan, beaucoup d’initiatives infructueuses pour se tailler une enveloppe d’homme d’Etat international. 

COMPLICITES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Ben Ali et Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy et Felipé Calderon

Avec les USA, ça n’a pas vraiment marché, la lune de miel. On a tôt fait de lui rappeler que la grandeur d’un homme d’Etat se mesure à la grandeur de son pays et que l’amour platonique n’existe pas entre Etats.
Avec l’Europe, on a fait mine, par politesse, d’accepter son activisme mais finalement, il est vite apparu agaçant, même pour les plus accommodants comme Angela Merkel et il a dû quelque peu rentrer dans ses petits souliers.

Avec les pays émergents, on ne peut pas dire qu’il ait trouvé un créneau pour panser ses déceptions et mieux faire valoir ses ambitions. La plupart de ces pays ont l’œil rivé sur un futur où ils voient la France derrière eux, et lorsque dans ce lot, on s’appelle la Chine, on peut même se permettre des vexations sans s’attirer ni colère ni remontrance. La Guerre de l’opium, c’est bien loin !

L’Afrique apparaissait par contre le territoire où la diplomatie française espérait, même en recourant à la politique de la canonnière, préserver ses zones d’influence. Mais la Coloniale n’est plus ce qu’elle était ! Et cette mutation s’exprime de mille manières.

Dans les pays arabes,  la révolution qui gronde n’est rien moins qu’une forme de désaveu de la communauté internationale et particulièrement de la France et des USA. Si ces pays arabes sont devenus ce qu’ils sont (des zones de dictature où l’arbitraire aidant, le sang a fini par couler) c’est bien parce qu’on a développé en ce qui les concerne, des théories les plus bizarres, les encourageant à évoluer dans la marginalité démocratique. Ces pays, disait-on, n’ont pas vocation naturelle à vivre en démocratie : il y a comme incompatibilité structurelle entre Islam et démocratie.  D’ailleurs, ils réussissent finalement bien, affirmait-on, dans leur type de gouvernance car finalement, de quoi ont besoin les peuples d’Afrique (du Maghreb ou de l’Afrique au sud du Sahara) sinon que de nourriture, d’éducation, de soins de santé ? Les  libertés formelles ne nourrissent pas tant que ça son homme ! Et on faisait les louanges à n’en plus finir d’un Ben Ali, d’un Moubarak…  joignant même la parole à l’acte, on aidait ces pays « exemplaires » à maintenir le rythme de croissance et la stabilité grâce à des livraisons d’armes, de matériel de surveillance et de maîtrise des faits d’émeute.

Les Tunisiens, les Egyptiens et les autres peuples arabes qui sont en train de suivre leur exemple, disent aujourd’hui à la communauté internationale, ceci :« Vous êtes les auteurs moraux, les commanditaires de ce qui nous arrive. Vous nous avez encouragés à ne pas pratiquer la démocratie, vous nous avez armé pour réprimer ceux qui la revendiquaient, vous avez recélé les fonds détournés par les dictateurs et planqués dans vos banques ; tout ça pour les besoins de vos propres croissances. Vous êtes donc aujourd’hui comptables de ce qui arrive à nos pays comme le sont les dictateurs que vous avez longtemps maintenu au pouvoir ». C’est ça la vérité.


DIFFICILE RECONVERSION DEMOCRATIQUE

Si très vite, les USA en ont tiré les leçons, mettant fin aux célèbres impairs du vice-président Joe Biden et de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton (qui tentaient encore de venir en aide à l’Ami Moubarak pour changer de cap en se convertissant à la vitesse de la mouche du coche en défenseur de la démocratie voire même en instigateur), en France, la reconversion a été lente et difficile. Les impairs se sont multipliés et les découvertes de connexion jusqu’aux derniers jours de dictature,  ne pouvaient que compliquer les choses.

C’est alors qu’en interne, l’Affaire Laetitia  est arrivée. En prenant à bras le corps ce dossier, en montrant le souci du pouvoir vis-à-vis de ce secteur sensible de la Justice, on pouvait détourner les regards de l’extérieur en touchant la corde émotive des Français. Mais le gouvernement français a manqué de manière. Les mots forts prononcés contre la Justice, emportant non seulement immixtion mais aussi condamnation sans procès des magistrats, ont entraîné une révolte peu connue dans ce monde plutôt astreint à la réserve.
Le gouvernement, alors, dont le crédit chutait en proportion des gaffes de son ministre des Affaires étrangères, a cru voir dans le dossier Florence Cassez, ce secours qui pourrait tout effacer pour lui permettre de tout recommencer.

Florence Cassezen 2008, dans sa prison
(Photo AFP/RONALDO SCHEMIDT)

Une jeune Française, belle, condamnée (dans une prison où l’on n’est pas tendre avec les détenus) à la peine démesurée de 60 ans pour enlèvements, ça vaut en cette période pré-électorale, de battre le ban et l’arrière-ban pour aller sauver ce morceau de France à l’étranger. Si on a pu le faire au Tchad, pourquoi ne le pourrait-on pas au Mexique ? Alors, « allons-zy, allons-zon » !

Mais finalement, c’est le grand flop ! On a oublié que le souci de la défense des ressortissants français à l’étranger ne pouvait pas s’accommoder d’une diplomatie intrusive, marchant par le commandement, le comminatoire comme au plus fort de la période coloniale. Cette époque-là est terminée en Afrique en 1960 comme elle est terminée depuis 1867 après  la chute de  Maximilien que Napoléon III avait envoyé au Mexique en 1864 pour tenter d’implanter un Empire bis.

La réaction actuelle du Mexique, Etat souverain, jaloux de son indépendance, est en tout point pareil à celle de la Côte d’Ivoire : ce n’est pas à la France de venir décider à la place des organes suprêmes de nos pays, ce que doit être le Droit. En  Côte d’Ivoire, un Conseil constitutionnel a tranché en matière électorale en dernier recours ; nulle autre instance, nulle autre puissance étrangère, ne peut venir la contraindre de réformer son jugement ni même tenter d’évoquer le contentieux pour trancher directement en faveur du candidat de son choix ! Au Mexique, la Cour de cassation a confirmé la condamnation à 60 ans de prison de Florence Cassez. Elle est peut-être injuste, surtout que la demoiselle clame son innocence, mais c'est ainsi. Nulle autre juridiction en cette matière pénale ne peut plus dire quoi que ce soit dans cet arrêt définitif. Dans un cas comme dans l’autre (Côte d’Ivoire, Mexique), nous avons des affaires passées en force de chose jugée. Ca, c’est le Droit qui est appliqué dans tous les pays de Droit, qui obéissent aux standards internationaux en la matière.

Voilà que des pays moins développés économiquement et démocratiquement que la France font des leçons de droits de l’Homme et de démocratie au pays qui s’en réclame être la patrie universelle !

Mais le comble, dans tout cela, c’est qu’on se coupe toujours les cheveux en quatre pour savoir pourquoi, alors que ses prestations sont si affligeantes pour l’image de la France et la sienne propre, Nicolas Sarkozy persiste à garder sa MAM (Michèle Alliot-Marie). En Afrique, certains ont trouvé l’explication depuis bien longtemps à travers ce proverbe : «Quand un âne veut vous terrasser, vous ne voyez plus en lui aucune partie où vous approcher, même pas les oreilles ». Peut-être bien qu’à force,  la Côte d’Ivoire, les pays arabes et le Mexique, risquent bien de confirmer ce dicton pour ce qui concerne Nicolas Sarkozy à la prochaine présidentielle !"


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